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Luc Besson fait de l'humour !

[ARCHIVE] Cet article a été initialement publié le 07/01/2009 sur le site kassandre.org, il est reproduit ici pour archive suite à la fin d'activité du collectif Kassandre en Juillet 2012.

HA HA HA HA !

C’est notre réaction à la lecture de l’interview donnée par Luc Besson aux Echos. Le producteur se prononce "pour l’éclatement de la chronologie des médias", jusque là tout va bien, chez Kassandre nous défendons ce point de vue depuis nos débuts, mais c’est après que les choses tournent à l’absurde : "Pour ma part, je serais favorable à la création d’une offre premium sur Internet de quarante-huit heures, le samedi et le dimanche qui suivent la sortie du film en salle. Cette offre pourrait être commercialisée à un prix de 25 à 35 euros. Quinze jours plus tard, la même offre serait de nouveau proposée mais un peu moins chère autour de 22 euros, et ainsi de suite. Au bout d’un certain temps, le film ne serait plus disponible sur Internet. Mais il rejoindrait ultérieurement un catalogue de 500 à 1.000 longs-métrages accessibles via un abonnement.".

Vous avez bien lu : 25 à 35 euros le téléchargement d’un film pour une location limitée à 48h seulement... On croit rêver.

Soit Luc Besson prépare sa reconversion dans le one-man-show, soit il est décidément déconnecté de la réalité. Le peu d’intérêt des internautes pour la VOD à 3,99 € n’aura pas suffit à le faire redescendre sur terre,

"Aujourd’hui, les jeunes ont le choix entre voir un film dans une salle de cinéma pour 7 euros et rester chez eux où ils peuvent le visionner gratuitement avec le téléchargement illégal" dit-il sans avoir réalisé que le prix de la place de cinéma est passé à 10 euros depuis quelques années, et croit faire du social : "A partir du moment où il y a une loi stricte - la loi création et Internet - qui condamne et punit les auteurs de délits, il est normal que le cinéma propose au public une offre légale".

S’il est vrai que la chronologie des médias est obsolète et doit être non pas révisée, mais simplement supprimée, nous pensons que le téléchargement payant est une idée morte-née : déjà inefficace à 3,99 €, et complètement grotesque à 25-35 € ! Il semblerai que Luc Besson rivalise d’incompétence avec Christine Albanel..

Non, il faut prendre pour acte qu’indéniablement nous viendrons à un système où toutes les œuvres seront à la disposition de tous, légalement et gratuitement, il devient dès lors inutile et contre-productif de vouloir en freiner la diffusion par quelques moyens techniques ou législatifs. Et il convient dès lors d’utiliser le téléchargement comme force de promotion et d’inventer un nouveau modèle économique cohérent, et équitable pour les artistes ET le public. C’est le combat que mène Kassandre dans le cinéma en défendant des cinéastes qui ont fait le choix de diffuser librement leurs créations. Une approche déjà connue dans la musique avec Dogmazic.net et Boxson.net et dans la littérature avec InLibroVeritas.net.

Pour répondre aux pragmatiques qui auront raison de demander "Et alors, vous comptez vous y prendre comment ?!" : nous proposerons par exemple que l’une de nos prochaines productions : le long métrage Varsovie-Express, sorte simultanément en salles et sur Internet sous licence libre (soit en téléchargement légal et gratuit), comme c’est déjà le cas de fait pour de nombreux films sortant en salles et mis à disposition par les internautes sur les sites de partage : il n’a jamais été démontré que cela nuisait directement à leur exploitation en salles, et à l’inverse, nous avons quelques exemples de réalisateurs et producteurs ayant eux-mêmes remercié "les pirates" d’avoir mis leurs films à disposition sans quoi la sortie salle seraient passé inaperçue..

NB : Suite à cet article, Luc Besson a réagit avec virulence, voir ici : http://kassandre.radicalcinema.org/articles/Affaire-Kassandre-Luc-Besson/.